Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (31 MAI 1791) 277

ne peut procéder aux élections. Déjà le prince de Condé, dit-on, est, avec sa grande armée, de l’autre côté du Rhin, où il fait préparer un bac pour ne pas le passer à la nage. Déjà, une foule de braves gentilshommes, avec leurs femmes, leurs enfants et leurs chiens courants, ont pris la route des Alpes ou de Jersey pour Les rejoindre.

Pour la plus grande commodité de ces nobles voyageurs, et éviter la confusion que cause leur empressement, on a différé la représentation de la contre-révolution. Elle est remise au mois de juillet; c’est à cette époque qu’un M. Aubin, gentilhomme du roi, a promis la curée de Paris à ses confrères les gentilshommes auvergnats. :

Le département de Strasbourg demande 5,000 gardes nationales de l’intérieur pour faire le catéchisme aux paysans d'Alsace, aux nobilissimes princes, comtes, croisés, et pour faire jurer tous les curés et capucins de l’armée du Sérénissime et Éminentissime cardinal Collier (1). Les noïrs se sont infiniment réjouis de cette demande ; ils ont froncé les sourcils quand on leur a assuré qu'au lieu de 5,000 on pouvait avoir 50,000 gardes nationales avant huit jours, au lieu désigné. Ils sont entrés en convulsion quand on leur a proposé de régénérer l’armée par la méthode du clergé. On a manqué le temps propre à cette opération; elle devait être faite au mois de novembre ou de décembre; actuellement tout serait en ordre. Nous laisserons l’armée mal organisée, si nous partons sans la régénérer; nous la laisserions désorganisée, si nous partions après avoir ordonné cette amputation. Nos chanoines d'Évreux se lamentent de ce qu'on va les constituer en frais en détruisant les clôtures du chœur. Ils seront obligés de les rétablir dans six semaines; c’est le terme qu’ils assignent à la résurrection

(1) Le cardinal de Rohan.