Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

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des morts. Ils ont une grande foi; ils attendent leur thaumaturge, comme les juifs le messie. Je n’ai encore ni argent ni maison à Évreux.

Je crois que la résurrection de l’ancien système dans cé pays-là ne serait pas difficile. L’apathie. y.est fort générale: la morgue est l’apanage d’une certaine classe, l'imbécillité le patrimoine de presque toutes. Voilà comment j'ai vu Évreux, le premier jour que jy suis arrivé, à travers les électeurs. Je ne me suis pas trompé.. Je ferai ce que je pourrai pour leur relever le courage. (Papiers R.:Lindet.) WE

CLXVII. — Au même. Le 5 juin 1791.

. Mon frère, les malheureux Contadins, même les Carpentrassiens, nous forceront de les prendre. Ils seront à nous malgré nous, ou du moins malgré notré majorité.

Le cardinal Collier ,étantactuellement bonserviteur du pape, devrait obtenir la grâce entière de Cagliostro. Cet illustre adepte languit dans les prisons, par ordre du Saint-Père ,qui l’a soustrait à la potence à laquelle l'avait condamné la sainte Inquisition. Il serait aujourd’hui d'un grand secours pour cette Éminence, qui n’y voit guère plus clair dans les affaires du royaume que dans les siennes.

Quelques petits mouvements en Alsace (1), quelques spadassins, prenant le chemin le plus long pour rejoindre le généralissime de la défunte aristocratie, ont relevé le courage et l’intrépidité de quelques milliers de moines et chanoines déguisés, qui, après avoir abjuré le costume ecclésiastique, vont partout déclamant pour maintenir ou rétablir la sainte discipline ecclésiastique, qui leur per-

(1) L'affaire de Colmar fut rapportée dans la séance tenue le soir du mercredi rer juin. Moniteur, réimpression, VIII, 367.