Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (22 JUIN 1791) 281

Je n’ai pas passé toute la nuit : je ne sais encore ce qui s’est fait depuis deux heures: je ne sais si on a lu l'adresse aux Français, décrétée hier. Sans signature. (Papiers R. Lindet.)

CLXX. — À MM. Les officiers municipaux de Bernay. Le 22 juin 1701.

Messieurs et chers concitoyens, le serment militaire a été prêté avec enthousiasme par les députés militaires, au milieu des applaudissements et des bravos de l’Assemblée et des tribunes. Les membres de l’opposition, pour la plus grande partie, ont cédé à la voix de l’honneur et de la patrie. Il n’est resté que des Cazalès, des Foucauld. des Montlosier, des Juigné, des Virieu.

Je vous annonce avec la plus grande satisfaction que M. de Bonneville, de retour ici, a prêté le serment qui oblige à maintenir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale contre les ennemis du dedans et du dehors, à mourir plutôt que de souffrir l’envahissement du territoire français par des étrangers, et à n’obéir qu’à des ordres donnés en conséquence dés décrets de l’Assemblée nationale.

Vous aurez une idée de la tranquillité qui règne dans Paris, quand vous lirez le procès-verbal de l’Assemblée nationale, toujours tenante et délibérante presque sans interruption, sur les matières qui étaient à l’ordre, et quand vous saurez que les adjudications des biens nationaux se sont faites avec la même tranquillité et le même avantage dans les enchères. J'ai vu des furieux humiliés, j'ai vu couler les larmes de quelques prêtres fanatiques. Était-ce le désespoir ou le repentir qui les arrachaïit? Je n’en sais rien; maïs les scélérats qui ont compté que le peuple nous égorgerait, les imbéciles qui ont espéré que la noblesse détruite voudrait renaître des cendres de nos