Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

284 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

passé le Rhin pour observer de là comment il se tirerait d'affaire. Je crois que si nous ne devons pas beaucoup compter sur les serments de pareilles gens, le roi ne doit pas plus compter sur leur courage et leur fidélité.

Quelle imprudence d’avoir fait faire au roi une déclaration aux Français grossièrement absurde, et de nous remettre son testament avant qu'il fût hors de notre monde !

Les circonstances invitent de plus en plus à la confiance, mais vous jugerez qu'il n’est pas moins nécessaire de veiller à la sûreté et à la tranquillité publiques; votre zèle et votre courage en sont les garants. (Arch. Bernay.)

CLXXI. — À R. Lindet. Le 23 juin 1701.

Mon frère, j'écrivais hier l'incluse, parce qu’il faut sortir à huit heures aujourd’hui. Vous serez étonné de la stupidité de nos ennemis. Je vous ai toujours dit qu’il était impossible que cela réussit. Cependant, nous avons des traîtres. Gouvion, le frère d'armes de La Fayette, a été informé du projet d'enlèvement la veille de la Pentecôte : les avis ont été répétés depuis. Baïlly a pu être dupe de La Fayette. Le Comité des recherches met de l'importance à faire mine de tout savoir et de ne rien faire, et il est d'une absurde crédulité. Les démagogues . outrés, dit-on, criaient la semaine dernière, de toutes leurs forces, qu'il fallait les têtes de Baïlly et de La Fayette.

On ne peut plus douter de la perfidie de Bouillé. Noaïlles le patriote arriva hier de Strasbourg. Cette arrivée est bien à propos : il savait que Bouillé s'était compromis en envoyant des escortes de hussards et de dragons au-devant du roi, sous prétexte de faire assurer un convoi d'argent. Que penser de tous ces gens-là? Entre nous, le meilleur noble vaut bien un bout de corde. Il ne