Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (1° JUILLET 1791) 201 .

T1 faut avouer que nous sommes aujourd’hui dans une position singulière : un roi prisonnier, un roi qui n’obtiendra plus la confiance de la nation, la rage dans le cœur de la reine et des courtisans, l’humiliation de la Cour, tout cela ira singulièrement, La Providence veille sur la France et ses destins ne dépendent plus d’un homme, quel qu’il soit(r1).+LINDET, évêque de l'Eure. (Papiers R. Lindet.)

CLXXIV. — Au même. Le 1* juillet 1701.

Je vous envoie une lettre de M. de Bouillé, lue hier à l’Assemblée.

Des lettres laissées et comme oubliées dans les appartements de la reine, contenaient des injures contre M. de La Fayette. Le roi, après son arrestation, dit des injures de M. de La Fayette. M. de Bouillé dit des injures de M. de La Fayette. Voilà bien des injures, pour qu'il ne soit pas l’ami de tous ces gens-là. M. de La Fayette est gardien du roi. Si le gardien est encore infidèle, nous : aurons la guerre. Si le roi est bien gardé, nous ne l’auTOns pas. .

(x) De son côté, Buschey des Noës écrivait, au sujet de ses démarches, le 30 juin, à la Société des Amis de la Constitution à Bernay.pour obtenir leur affiliation à la Société des Jacobins de Paris. Il leur rendait compte qu'il avait assisté aux Jacobins à la discussion soulevée sur le point de savoir si l’on continuerait à Louis XVI l'exercice de la royauté. 11 pense que la majorité des députés est d'avis qu'il faut rendre à Louis XVI sa fonction, mais avec un conseil.

Sur la lettre de Bouillé datée du 26, menaçant la France si elle ôte un cheveu de la tête du roi et désobéit au manifeste qui va lui être adressé, Buschey écrit : « On répond déjà qu’on ne veut tondre ni Louis XVI ni Marie-Antoinette, mais que nulle puissance, autre que la volonté souveraine du peuple, n’a le droit de porter des lois dans le terri-

toire français ; qu'une forêt de baïonnettes constitutionnelles défendra nos frontières et qu'on pendra le traître Bouillé si on l’attrape.. Nous venons d'indiquer, par un scrutin préparatoire, des gouverneurs à l'enfant présomptif héritier de la couronne ; ma liste était courte : Bernardin de Saint-Pierre la formait. » (Arch. Bernay.)