Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

304 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

écu de France, qui ont imaginé toutes les rubriques pour empêcher la fabrication des petits assignats et la retarder, pour nous enlever nos cloches pour rien, et nous faire acheter bien cher leur vieux et mauvais cuivre. Donc, ils livreront les hôtels des monnaies à leur gré : point de billon, point de monnaie de cuivre, des billets de confiance qui circulent en attendant les assignats; incapacité des faussaires fabricateurs d’assignats.

Nous aurons la guerre; bien des gens la désirent. L’Assemblée nationale échouera à cette épreuve. Je ne crois pas que le système proscrit se rétablisse, mais les mesures de défense sont mal prises, les ordres mal donnés, mal exécutés: la haine et la fureur des partis arrètera l’activité. Cette guerre peut conduire loin; bien des gens en seront les victimes. Les ennemis, qui paraissent se décider, feront beaucoup de mal en France; il est probable qu’il leur sera rendu; la France s’en fera à ellemême, et cela, ce sera sans dédommagement. Il est malheureux qu’un nouveau Corps législatif ne nous remplace pas : il aurait plus d'activité, plus d'union, plus de force, mais je crois que, comme la Révolution s’est faite sans dessein suivi, sans combinaison, sans concert, la guerre se décidera de même par la force des circon-stances, par la masse irrésistible de la volonté générale. Le sort des batailles dépend aussi de l'opinion. (Papiers R. Lindet.)

CLXXXIII — Au même. Le 3 août 1791.

L'idée de mettre le clergé hors la Constitution tient d'assez près à la liberté des religions, et conduit à faire regarder toute association religieuse sur le pied d’un club, dont les dépenses concerneront ceux qui les voudront faire. Cette idée philosophique a quelques dangers, ce me semble, si on lui donne des développements.