Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

306 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

l'Église. Je crains encore plus l’omission totale du clergé dans la Constitution. C’est aujourd’hui qu’il sera décidé s’il y entrera ou s’il restera dehors. J'ai garanti le nouvel épiscopat de faire une esclandre diabolique. J'avais été obligé de promettre de parler sur cette matière. Je n’ai pas jugé la chose prudente. J'ai consolé, et persuadé qu'il suffisait de jeter dans l’Assemblée une feuille imprimée cette nuit, qui fera peut-être plus d'effet qu’une déclaration quelconque. Je ne sais si l’affaire tournera à bien, mais je suis convaincu que c'est le seul moyen de réussir et de faire des arguments que je n'aurais pas voulu proposer. |

Les amis de la liste civile prévalent, et ne pardonnent pas à quelques-uns des nouveaux évêques qui ont manifesté des opinions fortes dans l'affaire du roi. Cette considération influe peut-être sur l'exclusion, autant que l’idée philosophique de ne pas s'occuper des religions de …... (1). Ce principe vrai n'est peut-être pas bon relativement à notre position, mais nous voulons faire la Constitution pour le genre humain et pour toutes les générations, et — ce qui vous paraîtra avoir son danger — nous ne voulons plus distinguer entre corps constituant et corps législatif. On n'aura plus besoin de Conventions nationales; la Constitution sera immuable. Je crains que chaque législature n’en infère qu'elle a droit de toucher à la Constitution. Il me semble qu’on eût mieux pourvu à son immobilité, en prescrivant des formes particulières pour les conventions, et ces conventions périodiques auraient réparé les brèches. Ce point sera vivement débattu.

L'exercice du vefo sera suspendu, et renvoyé aux lois des législatures à venir. Il n'y aurait pas de sens de soumettre toute notre législation à une nouvelle sanction. (Papiers KR. Lindet.)

(1) Quelques mots sont détruits par suite d'une brûlure accidentelle sur e pli du papier.