Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

308 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

perte de ses biens en rentrant dans ses places et ses pensions. On espère encore venir à bout d’exclure de la qualité d’électeurs la majorité des villes et des campagnes, en leur donnant, en équivalent, la faculté chimérique d’être éligibles à la Législature.

Pour favoriser toutes ces motions, des lettres très positives, insérées dans certaines gazettes, annoncent les menaces de l’empereur, des Suisses, une armée de 40,000 hommes prête à entrer sur nos frontières. Le général parisien double, triple la garde du château, quadruple les patrouilles pendant la nuit, met en mouvement un bataillon un jour, le lendemain un autre. Il craint, il a prévu des mouvements secrets; on arrête quelques gens porteurs d’une figure hétéroclite. Le peuple étonné ne songe plus à s’attrouper…

Toujours grande activité à poursuivre les républicains. Les aristocrates n’ont que des peccadilles à confesser !.…

Vous avez dû être étonnés de la patience de l’Assemblée pour supporter les bouderies de Barnave et les prophéties du sycophante normand : tout est perdu, si ces messieurs n'arrivent pas au ministère, et si les législateurs ne sont pas des instruments versatiles dans leur main! Ils ont réuni, en leur personne, exclusivement, toutes les lumières et toute la probité des générations passées, présentes et à venir.

Ils sont parvenus à paralyser l’action publique ; le mécontentement se concentre : il y aura une explosion; je ne sais en quel cas elle se fera.

Envoyez-nous des successeurs incorruptibles. Nous leur laissons un roi ennemi de la Constitution, environné de ministres suspects; nous leur transmettrons des relations mensongères sur l’état de nos frontiéres, de nos armées, de nos magasins, sur l’état de nos ennemis. Nous leur laisserons des ennemis déclarés de la Constitution dans la minorité de l'Assemblée, et des ennemis cachés et