Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (4 SEPTEMBRE 1791) 313

moi-même logé au bivouac : ma demande est probablement ajournée à la prochaine administrature (sc). (Papiers R. Lindet.)

CXCII. — Au même. Paris, le 4 septembre 1791.

Mon frère, la tonsure et trente-deux ans ne sont peutêtre pas un brevet de capacité : le besoin de prêtres est actuellement très embarrassant; mais quand vous aurez tenu la place six semaines, il se fera bien des miracles. Nous ne ferons probablement pas de loi contre les réfractaires. Si vous en faites une après votre arrivée (1), ils jugeront que tout est désespéré pour eux. Le roi aura de la peine à essayer son vefo sur cette matière.

Le Corps législatif est plus aisé à composer que les corps administratifs. Si vous avez cent travailleurs, et le reste de gens de bon sens, tout ira bien... Nos administrations auront de la peine à se mettre en mouvement. Les administrateurs voudraient bien avoir des commis chargés de faire leur travail. La lenteur, la mauvaise volonté, et la résistance active ou passive de ces corps peuvent occasionner de grandes inquiétudes : la législature devra leur demander les états des impositions, et les exiger à lerme fixe, et tancer sévèrement les négligences.

Le plus grand embarras de la législature sera de surveiller les opérations de la monnaie et des assignats. Tout ce qui se fabrique de monnaie est accaparé, ainsi que tous les petits assignats. Le change de la monnaie et des assignats peut monter encore et devenir désespérant; le papier-monnaie d'Amérique perdit prodigieusement, celui de France devait perdre fort peu. Heureux ceux qui feront tomber cet agiotage, qui devient effroyable! Je

(1) Robert Lindet, frère de Thomas, avait été élu député à l'Assemblée législative par l'assemblée électorale de l'Eure, le 30 août 1701.