Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (6 SEPTEMBRE 1791) 321$

exécutif gagne trop de popularité. Cependant j'aurais désiré que cela se fit tout simplement dans la salle des séances. Ce qui n'offre pas de danger aujourd’hui en offrira par la suite, si quelque prince sait tourner les têtes mobiles des Français. Les Parisiens feraient à mon gré une fort bonne chose, s'ils laissaient vide le Champ de la Fédération, le jour de la cérémonie. (Papiers R. Lindet.)

CXCIII. — Au même. Le 6 septembre 1791.

Mon frère, j'ai eu le projet d'écrire au corps électoral, puis je l'ai abandonné. Je le reprends peut-être trop tard et fort mal.

La séance d'hier au soir nous a remis en mauvaise humeur. L'affaire des colonies est une abomination : je souhaîte que nous ne la jugions pas et que vous ne vous laissiez pas intimider par une troupe de scélérats qui ont perdu toute pudeur. La noblesse ci-devant patriote est dans une fâcheuse position... Ils sont tout étonnés de se trouver vilipendés partout. L’aristocratie se berce encore de quelque espoir. Quelques bataillons remuent en Styrie : nos contre-révolutionnaires croient voir arriver une armée.

Les Tuileries sont ouvertes; le roi et sa famille se montrent; on est tranquille et content. Le roi et la reine ont témoigné leur satisfaction à la garde nationale et à l'état-major et les ont invités à continuer leur service.

Si je puis avoir avoir un exemplaire de la Constitution avant la poste, je vous l’adresserai.

On essaie une dernière tentative. On publie que le pape a fulminé les anathèmes... Sa Sainteté se fâche tout de bon. Je ne sais pourquoi elle m'honore de sa prédilection. Je figurerai dans quelque nouvelle bulle. Les secrétaires du pape à Paris me feront les honneurs du Vatican. Je le recommanderai aux prières publiques.