Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

316 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

Vous croiriez que le roi a été fort embarrassé de sa captivité : il a beaucoup joué au billard, bien bu et bien mangé. Il à reçu la Constitution d’un air très satisfait; on lui avait dit qu'il fallait cet air-là. La reine caresse son poupon et accoutume le peuple à la voir. Elle logera toujours avec l'ennemi de la Constitution. Je ne sais si vous aurez beaucoup à faire pour achever de convaincre tous les gens de cour de leur nullité. Sévérité à l'égard des financiers, fortes semonces pour donner de l’activité aux corps administratifs, voilà l'essentiel. Vous ne vous hâterez pas de congédier l’armée de gardes nationales, et vous veillerez au complet des régiments, à l'état des frontières. Vous poursuivrez le fait des négociations avec les princes allemands possessionnés en France. Cela importe à la tranquillité publique.

Je ne puis vous souhaiter de repos, je vous souhaite des forces.

M. Des Noës est fort mécontent de n'être que haut juré (1).

Je peste assez, de mon côté, de ne pouvoir acheter quelques meubles avant de partir. (Papiers R. Lindet.)

CXCIV.— Au même. Paris, le 14 septembre 17917.

Aujourd’hui, l'acceptation du roi. Vous sentez combien les figures aristocratiques durent s’allonger hier à la lecture de cette lettre. Le reste de l'Assemblée et les tribunes se livrèrent à l'enthousiasme : abolition de toutes les procédures relatives aux événements, abolition des

(1) Le même jour, Buschey des Noës envoyait à la Société des Amis de la Constitution de Bernay la Constitution, qu'il appelait le livre des destinées de la France, l'évangile civil et politique de notre nation : « Ennemis comme amis, tous s'accordent à dire que l’acceptation du roi clora la Révolution, qu'ainsi les citoyens pourront se livrer aux douceurs de la tranquillité, dont ils ont et sentent besoin ; les amis ajoutent : sans néanmoins s'endormir. »