Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

330 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

et vos généraux ne pas démentir les espérances de la nation! Mes espérances à moi sont toujours les mêmes, nous n’aurons pas la guerre. J'attends impatiemment des décrets d’accusation qui feront be d'effet que les boulets rouges (1).

J'attends une loi pour les ecclésiastiques éligibles aux places en 1792. J'attends qu’on oblige les corps administratifs et judicaires à prendre des mesures légales répressives des efforts perpétuels de nos réfractaires qui font déguerpir les curés constitutionnels et se réintègrent sans façon à leur place.

L'installation du tribunal criminel est différée.

CCV.— Au même. Bernay, le 28 janvier 1792.

Mon frère, je crois que le célèbre D’André a reçu une juste preuve de la vénération du peuple; il est malheureux qu'on se porte à des violences qui troubleront le commerce, mais les spéculations dont le peuple est sans cesse la dupe doivent irriter contre les fripons. La liberté du commerce est admirable pour les honnêtes gens, mais il faut avouer que nous serons longtemps infestés de corsaires (2).

L'incendie de la Force et de Bicêtre nous auraient rendu une foule de scélérats dont d’autres auraient pu se servir (3).

I] serait bien vu de suppléer à l'armée de ligne par des bataillons de volontaires; insensiblement, l’armée de ligne diminuerait de force. L'on parviendrait à s’en pas-

(x) Gensonné avait fait, le 1° janvier 1792, son rapport sur la mise en accusation des deux frères du roi, du prince de Condé, de Calonne, du marquis de Laqueuille et du vicomte de Mirabeau. Moniteur, XI, 15.

(2) Le peuple du faubourg Saint-Antoine avait, le 20 janvier, enfoncé un magasin appartenant à l'ex-constituant D’André et contenant du sucre.

. (3) Pendant la nuit du 21, le feu avait pris à la prison de la Force ; aucun prisonnier ne s'était évadé.