Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

LÉGISLATIVE (1* FÉVRIER 1792) 331

ser, ce qui vaudrait mieux que de la recruter aux dépens de la garde nationale. Officiers et soldats volontaires seront fidèles dans tous les temps : les officiers de ligne ne le seront jamais, et les soldats seront toujours suspects. La rivalité même sera dangereuse.

La rage et la stupidité de certaines gens rendent toujours croyables toutes les annonces de projets d'évasion; les mécontents ne perdent pas encore espérance.

On attend bien impatiemment les petits assignats; on redoubie les frayeurs sur la contrefaçon.

On invite les citoyens au paiement de l'arriéré des aides; on ne s’y prête pas ici bien volontiers.

M. Des Noës, patriote énergumène, dispute du matin au soir, et rend les séances de la municipalité un peu orageuses. I1 en est presque résulté un cartel entre lui et M. Mutel. L'affaire s’est apaisée, après que la violence s’est exhalée en paroles améres et en mouvements démonstratifs.

CCVI. — Au même. Bernay, Le 1° février 1792.

Mon frére, je m'attendais bien à l'opposition que vous avez éprouvée; l'aristocratie ne peut pas se désespérer ; on la ravivera dans tous les coins, on veut égarer le peuple. Avignon, les colonies, l'armée, la liste civile, les puissances étrangères, le droit de multiplier les officiers : voilà des moyens d’effrayer et de ruiner. On veut forcer la banqueroute, on veut la guerre civile. Vous déclarerez infâmes des gens pour qui ce n’est pas un supplice de l'être.

Votre lettre aux Awis de la Constitution (1) est

(r) Voici cette lettre très intéressante, datée de Paris le 31 décembre 1701. J'en laisse de côté le début relatif à l'émission d'assignats de 15 et de 10 livres, et de 5 livres et au-dessous, pour ne citer que le passage relatif à la politique étrangère : ,

« Je désirerais pouvoir vous annoncer la paix, mais l'empereur manifeste