Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

LÉGISLATIVE (14 FÉVRIER 1792) 333

ne fonde pas mon espérance sur la probité, sur la bonne foi, sur la sagesse des ennemis de la Révolution internes ou externes, je lafonde sur leur lâcheté, leur imbécillité, leur impuissance ; mais leur malveillance est extrême, et je n’ai pas assez de crédulité pour croire, ni assez d’impudence pour vouloir persuader que je crois que le roi et les ministres sont devenus ou deviendront jamais les amis de la Constitution. Le nouveau départ tant annoncé peut s’exécuter, mais je voudrais qu’on ne prît pas la route par Varennes,

Je désire que les habitants de Bernay, amis de la Constitution, vous envoient une adresse contre le projet de remplacer sur la caisse nationale les pensions dont on désire décharger la liste civile (1).

MM. de Bayeux arrivent, et je vais faire des prêtres pour M. Fauchet.

J'ai bien de la peine à croire que vous ne deveniez pas un jour Assemblée constituante, malgré les précautions que nous avons eues de vous tracer ce que vous auriez à faire, dans le cas d’une nouvelle émigration.

CCVII., — Au même. Évreux, Le 14 février 1792.

Mon frère, mon conseil vous a écrit pour une misérable histoire au Val-David, dont vous n’auriez pas été étourdi, si j'eusse été ici. Ce curé est un imbécile, et la querelle qu’il a eue avec quelques femmes ne mérite pas plus d'attention que celle de quelques poissardes.

.…. Une députation de la nation qui irait i7cognito à Coblentz ferait merveille. Vos décrets seraient sanc-

(1) Robert Lindet, qui faisait partie du Comité de législation de la Législative, s’opposa énergiquement, en effet, à ce que la nation se chargeât des pensions de la liste civile. Il réussit à empêcher le dépôt d'un rapport favorable à cette proposition. Sur le rôle de haute probité joué par R. Lindet dans cette circonstance, on peut consulter la discussion qui eut lieu à la Convention le 1% octobre 1792. Moniteur, réimp., XIV, 97 et 745.