Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)
LÉGISLATIVE (4 MAI 1702) 343
les citoyens à marcher, exagération de l'autorité du commandement général, terreur toujours entretenue, promesse qu’on n’est pas encore au bout des courses; tout cela est beaucoup plus contre-révolutionnaire que les attroupements de Conches et de Breteuil. Le patriotisme s’est exalté un moment; chacun s’en est retourné fort mécontent, les Parisiens bien payés, les autres mal. Chacun commence à calculer la dépense de la réception faite à ses hôtes et de sa marche. Le département a fourni l’étape à l'armée d'Évreux ; l’armée de Bernay, beaucoup plus nombreuse, n’a point eu d'étape.
Dans peu, le département et le général pourront répondre de l’immobilité de la force armée. Le public ne voit que M. Levacher, chef de contre-révolution. Ses concitoyens ne voient en lui qu'un homme bienfaisant et ami de la Constitution.
Le séminaire est converti en prison, les prisonniers y sont détenus comme prisonniers de guerre, Dieu sait jusqu’à quelle époque!
On médite de prendre le séminaire définitivement pour le tribunal criminel et les prisons ou maisons d'arrêt.
Je vais être évêque in partibus infidelium sans gite et sans séminaire. Bernay portera la peine de tout : tous les séminaristes que j'ai ordonnés prêtres vont être curés dans les autres districts. Celui de Bernay a différé les élections; pour Quasimodo, il ne restera plus de prêtres. Je suis trop bien chez M. Passot pour mon compte; mais, pour Évreux, j'y suis comme si je n'y étais pas. J'y retournerai lundi ou mardi.
CCXIV. — Au même. Berhay, le 4 mai 1792.
Les premières nouvelles de nos expéditions militaires sont affligeantes (1). Le détachement de Lille a pu
(1) Les hostilités avaient commencé le 28 avril. La déclaration de guerre est du 20. Moniteur, XIT, 174.