Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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grands malheurs peuvent en résulter. Je voudrais donc que, sans perdre de temps, on lui fit faire où l’on fit pour elle quelque chose qui la relevât un peu dans l'opinion; on ne remporte pas justement une telle victoire sur une Assemblée législative, sans ouvrir tous les yeux sur la multiplicité des fautes qui ont concouru à faire rendre le décret sur les troubles religieux. Nous en ressentons même déjà les effets : les prêtres non assermentés remuent les prêtres constitutionnels, échauffent le peuple contre les autres, et les deux partis étant excités par les prêtres presque tous mauvais, on ne peut guère en attendre de modération. Avant-hier, la garde nationale d’un village des environs a saisi deux prêtres non assermentés et les a menés sur la frontière en leur enjoignant de sortir du royaume; le poste des troupes de ligne qui est à la barrière frontière les a retirés des mains de la garde nationale et ramenés au Capitaine qui commande le cordon frontière dans cette partie; il m'a fait demander ce qu'il en fallait faire : je lui ai ordonné de les envoyer sous escorte à leur municipalité ou à tel autre endroit qu'ils désigneraient, pourvu qu'il ne fût pas éloigné de plus de deux lieues, et j'en ai informé le district. J'ai été averti que beaucoup de villages voulaient se conduire de même, et j'en ai fait prévenir les municipalités; je crains que cela ne cause des batailles de village, et que cela ne nous donne du bruit. Le 5° régiment de hussards a député son premier lieutenant-colonel M. Miewskowski vers le ministre pour les affaires du