Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

ÉTUDE PSYCHOLOGIQUE 11

a été diversement nommée, mais jamais plus expressivement que par le terme métaphorique d'aspiration, et plus généralement désir. Tantôt, au contraire, le sujet, se représentant l'état final comme pire que l’état actuel, répugne à celui-là, s’en détourne et s'attache à celui-ci d'autant plus énergiquement que le changement paraît devoir être plus douloureux. Cette seconde forme est l’aversion.

Dans cette phase de la passion qui évolue vers la fin représentée, ou s'en détourne et se rassemble pour la conservation et la résistance, ses deux formes, désir et aversion, sont à l’état de tendance Lorsque la fin est obtenue ou repoussée, la tendance cesse, l'émotion apparait. La phase précédente de la passion était développement ou concentration; celleci est jouissance ou souffrance. Le plaisir et la douleur qui étaient entrevus comme possibles, prochains, imminents, sont maintenant en acte. Leurs attraits ou leurs répulsions avaient mis en œuvre toute l'énergie du sujet; leur présence arrête cette énergie, l’exalte ou la déprime, mais en tous cas l’immobilise. La passion n’est plus développante; elle est acquérante. Mais l'émotion s’épuise d'elle-même, et l'énergie d'un être vivant, d’un sujet conscient, ne peut se maintenir en repos. Un plaisir éprouvé modifie la conscience du sujet de telle sorte qu'il y crée un besoin avec une tendance à en répéter la satisfaction et à en augmenter l'intensité. Une douleur ressentie une première fois détermine une répulsion plus vive. Ainsi l'émotion entraine sa propre répétition après son épuisement. L'état de conscience obtenu accidentellement devient un état de natur

l'habitude est en germe dès le premier changem nt, s