Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

ÉTUDE PSY CHOLOCGIQUE 17

c’est-à-dire abstraire ; rapprocher et identifier ce qui paraissait sans lien, c’est-à-dire généraliser; substituer mentalement un ordre fictif à l’ordre réel, c'est-à-dire imaginer des hypothèses et inventer ; anticiper sur les faits et pénétrer les modes invariables de leur production, de telle sorte que la nature confirme les prévisions et livre ses secrets, c’est-àdire induire; tirer des propositions générales tout ce qu'elles impliquent sans en forcer ni en appauvrir le contenu, c'est-à-dire déduire : ce sont là les dons d’une intelligence normale que la volonté met en œuvre pour la conquête du vrai.

La Fayette était pauvrement pourvu de ces qualités naturelles et fut mal entrainé à exercer ce qu’il en avait. Sans être négligée, sa première culture intellectuelle fut restreinte en variété, en solidité, en durée. L'éducation paternelle lui manqua. Né le 6 septembre 1757, il avait près de deux ans lorsque son père fut tué à la bataille de Minden (1° août 1759). Sa mère, qu'il perdit à treize ans, avait presque toujours habité Paris et fréquenté la cour, afin de ménager des relations à son fils, élevé à la campagne, dans la propriété de Chavaniac, près de Paulhaguet. Un prêtre, l'abbé Fayon, fut son précepteur même pendant les trois années qu'il passa au collège du Plessis, de onze à quatorze ans. Il y apprit assez de latin pour pouvoir encore, à quarante ans, dans les prisons de Magdebourg et d'Olmütz, suppléer par là, dans la conversation, à son ignorance de l'allemand. À quatorze ans il entre dans la 2° compagnie des mousquetaires du roi; à seize ans, il est sous-lieutenant au régiment de Noailles; à seize ans et sept mois, il se marie; un mois plus tard il est capitaine de dragons (19 mai 1774). Sauf une présence de deux

2