Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

ÉTUDE PSYCHOLOGIQUE 33

en France, on omet de préciser les deux termes de cette opposition. En réalité La Fayette ne fut jamais ni républicain ni royaliste, mais s’en tint toujours à une conception intermédiaire, que la Politique d’Aristote appelle oligarchie, que l’histoire contemporaine nomme bourgeoisie, et que ses théoriciens, comme Benjamin Constant, qualifient monarchie constitutionnelle. Le premier qui ait tenté de faire de la politique une science positive, Aristote, l'esprit le moins accessible à l'équivoque, remarque que dans l'État le régime change selon la source d’où émane l'autorité : monarchie si c’est d’un seul, démocratie si c’est de tous, oligarchie si c'est de plusieurs seulement. République n'est pas un terme désignant un régime particulier; c'est le nom de tout État non purement monarchique. Dans l'État soumis à un seul, soit par hérédité, soit par usurpation, soit même par le consentement des hommes, il y a un maître, dsorérne, mais pas de citoyens, rokizu; c'estune monarchie, non une rokelx. Tous les autres régimes, depuis les oligarchies les plus restreintes, comme Sparte, où l’on ne compte plus, à un moment, que cent citoyens sur une population de cent mille personnes, jusqu’à la démocratie athénienne et même celle de Mantinée, seul iype d’un régime représentatif dans l'antiquité, sont des républiques, roms, parce que dès que l'État n'est plus l’affaire d'un seul, il devient celle des citoyens, non la chose publique, comme le ferait supposer l’équivoque latine res publica, mais l'intérêt des seuls qui comptent dans l'État pour quelque chose, quel que soit leur nombre. République est donc le nom d’un genre dont les espèces sont très variées.

S'affirmer républicain simplement n’est donc rien

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