Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

348 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

escadre d'Égypte’, il est bien sûr que Bonaparte est maître du pays, ce qui me charme. On dit qu'il est difficile de croiser pendant l'hiver dans ces parages ; on pourra donc lui envoyer des secours. Je vois que la paix de l'empire va se conclure, ce qui ramène les plénipotentiaires à Paris, et l'un d’eux, dont vous aurez pu voir la femme, à sa destination. Mais je ne comprends pas que le citoyen Desmanches? pense encore au voyage de Constantinople, où, d’après les gazettes, il ne verrait que le château des sept tours. La coalition des trois empereurs ne fera pas fortune, et notre petit sot de geôlier va recevoir un redoublement d’étrivières.

Virginie, qui écrit de fort jolies lettres à son frère, nous envoie une espérance à laquelle j'attache le plus grand prix; la surveillance‘ de l'ami de Maubourg et le choix du quartier général où il sera attaché me font un double plaisir. Vous n’avez donc rien pu faire pour le pauvre Siebert; tâchez encore de le placer quelque part. Je dois vous dire que Victor’, qui est pénétré de vos bons soins pour lui, a été hier fort affecté de l'attention avec laquelle on évite de placer sa surveillance à l’armée; il sent tout l’avantage d’être au service de la Hollande, et nous désirons tous qu'on s’en occupe; mais cela n'empêche pas de faire en attendant une campagne active. C’est aux

1. Aboukir, 1° août 1798.

2. Cf. lettre INT, p. 195, n. 3.

3. De Russie, de Turquie et d'Autriche.

4. On appelait, en 1798, « surveillance » l'autorisation de rentrer en France sous la surveillance de la police pour les émigrés non encore rayés de la liste.

5. M"° de La Fayette, étant à Paris, travaillait à faire rayer de la liste des émigrés ceux qui se recommandaient à elle, et à leur procurer des situations.

6. Victor de La Tour-Maubourg.