Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 349

armées prêtes à se battre contre les Autrichiens qu'il veut être envoyé. Si vous ne le faites pas servir agréablement, il tâchera de s’y faire employer de manière ou d'autre ; il en a écrit à Passy, et son frère aussi; de toutes les responsabilités, la plus grande serait de faire le contraire de ce qu'il veut. Vous savez que, dès le temps du départ de Marie, je pensai que son affaire prendrait cette marche, et je regretlai fort qu'il n’eût pas trouvé le général avec lequel il voulait servir; il en est un autre plus célèbre et remis en activité qui dit un jour à Victor qu'il serait utile d’avoir à l’armée des officiers de cavalerie tels que lui; il est persuadé que s’il avait pu être à Paris dans ce moment-ci on lui aurait procuré ce qu’il désire, et si son arrangement ne se fait pas ainsi, il pensera toute sa vie qu'il n'avait tenu qu’à ses parents et à vous de le satisfaire. Il aurait vraiment droit de se plaindre si on ne cherchait pas à le servir comme il demande à l’être. Quant à notre cher Charles, je ne sais pas aussi positivement ce qu’il souhaite, mais sa famille et moi le connaîtrions mal si le refus de la surveillance lui avait fait plaisir; il désirerait ardemment rentrer en France: il est loin de partager certaines sollicitudes; son mariage lui paraît un grand bonheur, à cause de son attachement pour sa femme et pour nous; mais le ménage est assez grand pour penser à sa propre situation, et dans les arrangements personnels à lui, peu lui importerait que sa femme attendit son opinion, s’il fallait, sous peine de paraître inconfiant et insensible, qu'il se soumit toujours à la nôtre; ses parents regretteront fort que vous n'ayez pas profité de l'offre du citoyen Barras'.

1. Cf. notice sur la lettre XLI.