Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 369

tion que dans la chute plus prochaine des puissances qui ne l’auront pas voulue. La rapide déconfiture des Napolitains, où tout le monde s’est déshonoré et où il n’y a eu de gloire que pour le seul de leurs officiers! qui, quoique devenu étranger avant la Révolution, était pourtant né Français; cette déconfiture si rapide, si honorable pour nos troupes, si menaçante pour nos ennemis, devrait pourtant en imposer à toutes les cours de l’Europe, excepté à un sultan qui ne sait pas lire, à un ezar qui est fou, et au gouvernement anglais dont le seigneur et maitre, M. Pitt, croit son existence attachée au mal qu’il fait à la France et au monde entier.

Adieu, mes chers amis, je vous embrasse aussi tendrement que je vous aime.

P. S. Adrienne, qui me charge de mille tendresses pour vous, est inquiète d’une lettre qu’elle vous écerivait de Péronne et où elle vous donnait une commission relative à Éleuthère? qui lui tient fort à cœur ainsi qu'a moi. La manière vague dont on lui avait parlé et le retard de ce qui lui avait été dit sur cet objet lui a donné l’air d’une négligence bien éloignée, comme vous pensez bien, de sa disposition. N'ayant point vu Éleuthère, n'ayant point de réponse de lui, elle n’a eu de ressource que de s’adresser à vous pour réparer cette fatalité qui la tourmente beaucoup; elle espérait savoir ce que vous auriez fait, ou du moins si sa lettre vous est parvenue. Il y a longtemps que j'ai répondu à une dame de la connaissance de votre frère un billet par son ban-

1. Roger de Damas. (Cf. Mém., t. V, p. 4.) 2. C'est-à-dire Masclet.