Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

380 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

ment, pour les républicains de bonne foi, pour les vrais patriotes, de se rallier autour des vrais principes de la liberté? Sieyès devrait être encouragé par la présence de Bonaparte et de Moreau; on dit que le premier commandera en Italie, l’autre sur le Rhin. Qui aurait alors l’armée du Centre, au refus de Massena ? Car ces trois généraux auraient bientôt le noble emploi de pacificateurs, et leur union pourrait servir bien utilement la patrie. On nous parle d’une expédition maritime. Est-ce Bonaparte qui s’en chargerait? Quels associés aurait-il, en cas de succès, pour traiter la paix? Voilà les questions que je me fais à moi-même et auxquelles vous pourriez mieux répondre si la décision de votre affaire rendait enfin la liberté à vos mouvements.

Voici une circonstance avantageuse pour nous; Reinhard! est de nos amis; il arrive trois commissaires américains? pour terminer les différends. Je suis loin de souhaiter ma rentrée par leur intercession, mais il serait possible de faire entendre aux gouvernants, à des législateurs influents, que ma présence peut réellement être utile; alors un arrêté du Directoire sur ma lettre pour mes amis* qui n'y comprendrait moi-même, une motion appuyée par Lucien Bonaparte, me rappellerait en France, dusséje partir ensuite au printemps avec Constable, dans la frégate que les ambassadeurs doivent retrouver. Mais il faudrait quelque espérance de pouvoir dès ce moment, ou du moins en germinal, servir, ramener et consolider la liberté de notre pays.

1, Reinhard était le ministre de France en Hollande (IV, 362).

2. Cf. lettre LVI, p. 381, n. 4

3. Il s'agit de la lettre au Directoire de novembre 1798, et non de la lettre XLI; cf. la notice sur cette dernière.