Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 385

ministres, et le troisième consul des États-Unis, ainsi que de ce qu’il doit à quelques négociants américains, et je crois que la totalité de cette somme, je veux dire celle qui est due dans les États-Unis, ne va guère au delà de deux cent mille francs.

Il vous sera facile de vous en assurer en écrivant à M. Dupont. Je puis vous répondre que si les ÉtatsUnis se chargeaient d’acquitter la dette du général La Fayette envers leurs ci-devant ministres, consuls et leurs concitoyens, ce qui lui resterait à payer n’est pas assez considérable pour exiger aucune précaution dans ce que vous jugerez à propos de faire au delà de ce payement.

Il ne m'appartient pas de fixer des bornes à la munificence du Congrès; mais puisque vous me consultez confidentiellement sur cet objet, je vous répondrai avec franchise qu'après avoir fait ce premier pas d’acquitter les dettes du général La Fayette de l’autre côté de l'Océan, la fortune que vous souhaiteriez lui assurer lui serait plus agréable, placée sur la banque des États-Unis, que ne pourrait l'être toute autre disposition qui ne rappellerait pas l'origine d'une gratitade également honorable pour Lui et pour ses anciens amis. I y a cependant un présent à lui faire qui, je crois, lui serait très agréable. Occupé d'établissements d'agriculture, il ne pourrait qu'être sensible à ce qui serait fait pour le mettre à portée de réunir dans sa ferme de France ce qui peut contribuer à son utilité et à son agrément.

Vous m'avez demandé mon avis, je vous le donne avec franchise ; j'ajouterai que, comme les lois françaises ne permettent pas de recevoir de pensions des nations étrangères, il faudrait que l'arrêté du Congrès fût tourné de manière à ce que ce don füt

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