Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

4 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

Les démarches impulsives de La Fayette sont si nombreuses et en même temps si conformes aux lois de sa nature psychique qu'on y peut discerner le genre et les espèces. Presque toujours provoquées par la générosité de ses sentiments et la vivacité de ses idées, elles ont souvent un témoin, ne füt-ce que lui-même, pour y constater une allure d’étrangeté et de folie. Parfois elles manifestent la surabondance de projets désordonnés qui s’agitent dans son imagination. Aussi quand Rochambeau débarque à Newport le 12 juillet 1780, avec son corps d'armée, il est préoccupé de sa responsabilité et du besoin d’instructions nettes. Il ne trouve que trois lettres interminables de La Fayette, et annonce à Vergennes « cette correspondance trop volumineuse pour être copiée, mais remplie de propositions d’ardeur et décousues” ». En octobre 1780, La Fayette expose à Washington son désir de finir la campagne par quelque coup brillant et ses vues à ce sujet. Il fallut calmer cette chaleur intempestive. Nous l’avons vu, dès la première campagne d'Amérique, prêt à porter la guerre aux Indes et en Chine. En décembre 1780, il veut organiser une expédition des Espagnols en Floride. Washington est encore obligé de lui rappeler qu'il ne faut employer son influence qu’à des éventualités raisonnables?. Le 5 avril 1784, il se fait recevoir parmi les disciples de Mesmer, signe son brevet?, et se fait remarquer « comme l’un des plus enthousiastes ». « J'en sais autant qu'un sorcier en sut jamais, écrit-il à Washington, et avant de partir, j’ob-

1. Archives historiques de la guerre : Correspondance de Rochambeau, 1er" pe 96

2, 1, 392.

3. Cuaravay, p. 102.