Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan, стр. 14
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clamé par décret que le peuple français reconnait l'existence de l'Être suprême et l'immortalité de l'âme (1), et institué ces fameuses fêtes des Sans-Culorides (2), qui, de notre-temps encore, ont trouvé des admirateurs. Camille Jordan n’hésita pas à attaquer de front cet arsenal de lois injustes et vexatoires. Il signale aux législateurs ce cri qui s'élève de toute part pour réclamer la liberté des cultes. « Et ne vous étonnez pas, dit-il, de « l'intérêt singulier qu'attachent aux idées religieuses « tous ces hommes habitués à s’en nourrir! Ce sont « elles qui leur assurent des jouissances indépendantes « du pouvoir des hommes et des coups du sort; ce « sont elles qui tempèrent à leurs yeux cette inégalité « des conditions nécessaire à l'existence des sociétés « humaines. Leur besoin est senti surtout par les peu« ples en révolution : alors il faut aux malheureux l'es« pérance.. Mais en accomplissant ce vœu de l'hu« manité vous suivrez encore le conseil d’une profonde « politique ; en contentant le peuple vous affermissez « toutes les lois. Oui, législateurs, il est utile, il est pré« cieux pour vous que les religions existent, qu'elles « exercent en liberté leur précieuse influence ; elles « seules parlent efficacement de la morale au peuple ; « elles ouvrent son cœur aux douces affections ; elles « lui inspirent le sentiment de l'ordre; elles préparent « votre ouvrage ; elles l'achèveraient presque sans vous-
1) Décret du 7 mai 1794.
( (2) Décret du $ octobre 1793.