Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

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À vrai dire, comme le remarque finement M. SainteBeuve, Camille Jordan éprouvait cette paresse des orateurs qui ne se retrouvent pas dans la solitude du cabinet.

Cependant l'Empire s'effondrait sous le poids de ses fautes ; la France était envahie, les Autrichiens entraient à Lyon. Camille Jordan fit partie de deux députations envoyées par ses concitoyens, l'une à l’empereur d'Autriche, pour solliciter une réduction des réquisitions de guerre, l’autre, pour porter au roi les hommages de la ville de Lyon.

Il rentra ensuite dans la retraite et ne reparut qu'aux Cent jours, pour faire cortége au comte d'Artois, qui tentait d'organiser à Lyon la résistance et qui n’y trouva que l'abandon. Camille fut, dit-on, un des derniers à se séparer de lui. Les jacobins, ses ennemis de vieille date, s'en vengèrent en saccageant sa maison (1).

Aussitôt après la seconde Restauration, M de Staël se préoccupe de voir rentrer Jordan dans la vie active. Le 27 mars 181$, elle écrit de Montigny à Me de Gérando : « Parlez-moi de Camille Jordan : « il pourra faire un grand bien et jouer un beau rôle « dans la Chambre peu libérale où il va se trouver. « Dites-moi s'il est disposé à faire pour la liberté ce « qu'il fit contre l'injustice ? »

Oui, Camille y était disposé; mais, sincèrement dévoué à la monarchie, il assistait avec tristesse au

(x) Monfalcon : Histoire monumentale de la ville de Lyon, t. HI, p. 257.