Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

41 rer au pays les institutions libérales que le ministère précédent lui avait assurées. En retenant le gouvernement qu’ils croyaient emporté dans une réaction exagérée, ils auraient voulu ne rien faire qui pût l'ébranler, et il leur répugnait de voter avec ses adversaires.

On trouve la première expression de cette opposi-tion attristée dans Le discours que prononça Camille Jordan au commencement de 1820, à l’occasion de la discussion qui aboutit au rétablissement de la censure en matière de presse. : « J'ai fait effort, dit-il, pour « remonter quelques instants à cette tribune que de « pénibles circonstances m'avaient depuis longtemps « interdite. Je n'y remonte, je l'avoue,”"qu'avec un sen« timent douloureux. Inquiet pour les destinées de la « patrie et du trône, il m'est permis peut-être de m'affi« ger de la situation où le devoir me place. Mais « j'obéis à la voix de ma conscience; ce n'est qu'après « un examen scrupuleux, fondé sur la conviction la « plus entière, que je me suis décidé à cette dissidence « et à son expression publique. IL m'a semblé que « c'était à nous spécialement, vieux partisans de la « royauté, anciennes victimes des persécutions révolu« tionnaires, qu'il appartenait d'élever ici la voix et « de donner, à l'opposition que le ministère éprouve,

le caractère véritable qu'elle doit avoir, celui d’une « opposition que n’anime aucun sentiment d'amertume, « qui se fonde sur les principes seuls, qui s’effraie « des périls du trône encore plus que de ceux de la

« liberté même. »

A