Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

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Puis, tout en votant contre la loi proposée, il indiquait que, dans une pensée de transaction, il se serait résigné à l’accepter si le ministère eût consenti à abandonner l’idée de réformer la loi de 1817 sur l'électorat.

L'insuccès de la proposition ne le découragea pas du rôle de conciliation qu'il s'était proposé.

Quelques jours après, la discussion s'engageait sur la nouvelle loi électorale. D'après Le projet du ministère, le droit de suffrage demeurait concentré entre les mains des censitaires de 300 fr., mais on les répartissait dans les colléges d'arrondissement et on ne leur permettait plus que délire des candidats parmi lesquels les députés seraient définitivement choisis par les électeurs les plus imposés du département. Telle était l'impression causée par les dernières élections et par l'attentat de Louvel, que M. Lainé n’hésitait pas à demander, comme rapporteur du projet, l'abrogation de la loi que trois ans avant il avait soutenue en qualité de ministre, et à laquelle son nom était resté attaché.

La discussion fut longue et violente. Quand les premières ardeurs se furent épuisées dans la lutte, alors qu'il était déjà facile d’entrevoir que le projet, repoussé également par toutes les fractions de la Chambre, serait nécessairement modifié, Camille Jordan, épuisé par la maladie, fit un suprême effort pour intervenir et pour sauver les principes qu’il considérait comme indispensables, tout en ménageant au ministère une retraite.

« Malgré les liens qui m’attachent au ministère, dit-il « d'une voix affaiblie, il m'est impossible de le suivre