Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 105

Or, après la chute de la royauté, la toute-puissance, qui avait passé du prince à la nation, échut nécessairement aux Représentants du peuple, qui l’exercèrent au moyen des différents comités institués à cet effet. C'est ainsi que le conseil Exécutif, — le ministère, — devint, après cette organisation, un rouage politique de plus en plus subordonné, et que, en particulier, le département des Affaires étrangères n'eut plus la haute main dans la direction de l'action extérieure de la France. Et s'il arriva, à la fin de 1792 et au commencement de 1793, que cette subordination du Conseil à la Convention se fit surtout en faveur de la majorité girondine, qui se trouvait en force dans le comité Diplomatique, Danton sut, au nom de la Montagne et par sa situation et sa valeur personnelle, disputer souvent et avec succès, à Lebrun, à Dumouriez et à leurs patrons politiques le partage de cette direction.

Lorsque le premier, ou Brissot, ou d’autres encore, se trouvaient, dans des circonstances aussi graves, face à face avec le puissant homme d'Etat, comme il arriva, en particulier, pour les affaires de Belgique et Hollande, du Palatinat, de la Savoie et de Nice, nous inclinons à penser qu'ils devaient avoir fort à faire pour lui im-

oser la loi.

Toute l’histoire de ce temps le prouve.

Danton avait sa politique, que nous avons définie, indiquée précédemment, que nous détaillerons au fur et à mesure que nous avancerons dans ce travail, et qu'il parvint à faire accepter du plus grand nombre, à la Convention et dans le comité de Salut public.

On s’est donc étrangement mépris lorsqu'on a attribué au département des Affaires étrangères, aux bureaux, amalgame des débris de l'ancienne organisation avec des hommes nouveaux, aux commis de Choiseul et de Vergennes, la polititique sage et modérée qui finit par prévaloir en 1793 à l'égard de l'étranger. Nous montrerons qu'elle fut l'œuvre exclusive de l'homme d'Etat de la Révolution; pour le moment, il nous suffit de rappeler quel était le personnel du ministère sous Lebrun et