Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 415

« Pourquoi ne m’avez-vous pas envoyé Benoist ? Rien n'était plus pressant. Dundas et Rose penchaient pour nous, bien entendu que leur intérêt devait s'y trouver. Il y avait des paroles de données et Pitt était sur le point d'autoriser M, Grenville à me voir et à traiter directementavee moi. Et jugez de quel poids ce serait de voir l'Angleterre être la première à traiter et à reconnaitre la République. La médiation de cette puissance est peut-être nécessaire pour vous assurer la liberté de vos négociations avec la Prusse, sans quoi vous avez à craindre les soupçons et la défiance du peuple en vous voyant négocier, où un enthousiasme déplacé qui ne lui ferait voir dans le Brunswick qu’un ennemi battu et fugitif.

« Faisons un pont d’or à l’ennemi, cette maxime de tous les temps trouve toujours son application...

« Voyez donc ce que vous voulez faire. Rappelez-vous que Ségur avait été envoyé en Prusse avec des millions. En un mot, l'occasion est très favorable. Mais il me faut un caractère et de grands moyens. Il n’y a pas un moment à perdre. .

« Votre jeune parent m'est revenu. Il m'est fort utile et je vous en remercie.

« Au nom de la patrie, agissons, et vive la Républi-

ue. : « NoEz. »

Comme on le voit, le chef de la deuxième division ne se prenait pas pour un autre; il n’y allait pas par quatre chemins. Et Chauvelin? et Talleyrand?.. n’étaient-ils là que pour la forme?

Danton dut bien rire quand ce brave homme, dans la première lettre qu'il lui écrivit, lui apprit, avec cet air d'importance que nous lui voyons, que le futur prince de Bénévent, l’homme du conventionnel pour le moment, venait de passer en Angleterre et qu'il s’offrait à servir. Fallait-il que le graud diplomate se fût boutonné vis-à-vis de son collègue !

Les archives du tribunal révolutionnaire de Paris (affaire Danton et consorts) nous ont conservé d’au-