Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 117

tait en langue turque toutes les instructions qu'il voulait faire glisser dans la milice; que son travail lui paraissait important, qu'il pressait de délibérer si, malgré ses friponneries, il n'était pas convenable de l'employer sans se plaindre de ses procédés. Sachez d'ailleurs que les amis de Sémouville ne veulent pas, à Constantinople, d'aucun de vous autres qui y êtes, et qu'ils pressent pour qu'on y envoie un homme habile pour y suivre ses plans et projets; tous ses moyens, réflexions et plans se trouvent en double à Paris. Le dépôt est connu de mes amis.

« Jai dit; je désire d’avoir dit assez pour vous être utile, répondez ce que vous voudrez. Mon adresse est sous enveloppe de MM. Smitter frères, qui sont des banquiers d'ici.

« Vienne, 43 octobre 93 (1).»

Du reste, pour confirmer la réalité de ce que nous avons avancé, nous renforcerons les indications qui précèdent par un passage du très remarquable livre de M. Marc Dufraisse (Hisloire du droit de querre et de paix de 1789 à 1815) :

« Dès la fin de 4792, dit cet historien, on est disposé à rendre Mayence et le Palatinat pour avoir la paix (Bournonville et Lebrun y inclinaient; Custine avait recu ordre de sonder les puissances à ce sujet). Vers la même époque, le général de l'armée du Haut-Rhin, Biron, est autorisé par le conseil Exécutif à faire des ouvertures de paix. Durant l'été de 1793, Beauharnais est chargé d'entamer des négociations pour obtenir la paix. A la mort de Dampierre (avril1793), on trouva sur lui une lettre qui l’invitait, au nom du ministre Lebrun, avec l'assentiment de membres du comité de Salut publie, à insinuer aux puissances que la République était disposée à traiter de la paix. Un billet de Proly, bâtard du prince de Kaunitz, en contenait les propositions. « Je rencontre des émissaires français en Belgique, auprès des Autrichiens ; à Valenciennes, auprès du due d’York; à Bâle, auprès de l'Anglais Bedford, un des chefs du parti de la paix avec la France.

« Hérault-Séchelles a dû s'aboucher quelque part avec des envoyés du roi de Prusse, car il fut dit à son procès qu'il s'était

(1) Nous avons publié en son entier cette lettre dans le Procès des Dantonistes, C’est aux archives des Affaires étrangères qu'est toute l’histoire de cette diplomatie.V. notamment la correspondance de Noël avec Lebrun. — R,

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