Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

118 DANTON ÉMIGRÉ.

vanté d'avoir écarté par ses négociations une armée de soixante mille Prussiens (1).

« En novembre 1793, peu de temps après notre victoire de Waitignies, le rapport de Robespierre sur les relations de la République à l'extérieur est un manifeste de paix. Les puissances, s’il faut en croire l’émigré Toulougeon, ne s'y trompèrent point.

« Dès l'automne de 1793, le parti des Indulgents, Danton, Desmoulins, Fabre d'Eglantine, font opposition à la guerre et au comité de Salut publie, qu'ils accusent de la prolonger. On n’a peut-être pas remarqué que le Vieux Cordelier est autant une ode en faveur de la paix qu'une élégie en faveur de la clémence. Camille persifle la politique de guerre, comme il flétrit la politique : d’échafaud.

« Au moment où on lui impute de ne vouloir pas la paix, le comité de Salut publie négocie pour la faire. J'en trouve la preuve dans quelques mots voilés de Jay Sainte-Foy, à une séance où il fut le confident et l’orateur du conseil des Douze.

« Renouveler le Comité, dit-il, ne croira-t-on pas qu'il à perdu «la confiance de la Convention ? et cela lorsque de grandes négo«cialions sont entamées! »

« Les lois de la Convention contre les réfugiés avaient pour but de disposer les puissances à la paix.

« Le mouvement contre le culte exaspéra le comité de Salut public, parce que les saturnales hébertistes comprometlaient son système de pacification à l'égard de l'Europe et « les opérations commencées ».

« C'est au même sentiment qu'il faut attribuer les fureurs de la Convention contre la faction de l'étranger (2).

(1) Il y a ici une erreur probable, d’ailleurs partagée par M. Avenel. Les notes de Topino-Lebrun portent simplement ceci : « Envoyé dans le Bas-Rhin par le Comité, je travaillé (sic) avec Berthélemy (sic) à la neutralité dela Suisse et j'ai sauvé à la République (sic) une armée de 60,000 hommes (et non pas 60,000 Prussiens). — Et le Bulletin du Tribunal révolulionnaire : « G'est moi qui ai maintenu auprès de Barthélemy, chancelier de Bâle, une neutralilé importante avec les Suisses; c'est moi qui ai délivré la France d'une armée de 60,000 hommes qui menagçaient son territoire. » Ces dires semblent bien se rapporter à la Suisse et non à la Prusse; mais il ne s'en va pas, pour cela, qu'Hérault n'ait eu aucun pourparler avec les agents de cette dernière.

(2) D'autres considérations que celles ressortissant à la diplomatie, et infiniment moins plausibles, avaient très certainement inspiré les mesures de répression relatives à l’athéisme et à la faction dite de l'étranger. — R.

V. Procès des Dantonistes et les pièce n° 24-23 de ce vol.