Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 119

« Je n’oserais affirmer que l'exécution d’Anacharsis Cloots et de ses amis fût un holocauste à la paix. IL y a cependant une coïncidence qui me frappe: c’est au printemps de l'an Il, au moment de l'ouverture de la campagne, que les Cosmopolites sont envoyés à l’échafaud. »

Ajoutons, pour résumer ce qui précède, qu'il fallait, suivant toute raison, ménager la Prusse: FrédéricGuillaume avait éloigné de ses armées les émigrés ; après qu’il avait eu repris Mayence, il nous avait presque « tendu l'olivier » et bégayé une sorte de reconnaissance de la République ; à la fin de 93, il avait rappelé au ministère Hertzberg, l'ennemi de l'alliance autrichienne : tout cela pouvait donc faire pressentir la possibilité de la dissolution de la coalition et encourager Danton dans sa politique.

Nous devons maintenant parler avec quelque détail, bien que sortant davantage de notre sujet, c’est-à-dire, de ses relations avec les républicains anglais, des négociations qu'il ouvrit directement et personnellement avec la Suède.

Tandis qu'il se concertait en Angleterre, en Irlande et en Ecosse avec le parti de la Révolution, tandis qu'il partageait avec ses collègues le poids des affaires politiques en Belgique et en Hollande, il n’oubliait pas le reste de l’Europe, et, pour le moins, portait ses efforts sur le royaume scandinave, sur le Danemarck, sur la Pologne et sur la Turquie, qu'il souhaitait d'armer contre l'Autriche et contre la Russie.

La correspondance de l’ambassadeur de Suède à Paris, M. de Staël-Holstein, publiée il y a quelques années par M. Léouzon-Leduc, jette un jour décisif sur cet objet.

Nous préferons citer :

& Gustave II mort, l'attitude politique de la Suède vis-à-vis de la France changea soudainement (1). Investi de la régence pendant

(1) On se rappelle que ce monarque s'était fait le paladin de MarieRe qu'il s'était posé en ennemi personnel de la Révolution. — R.