Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

120 DANTON ÉMIGRÉ.

la minorité de Gustave IV, le duc Charles de Sudermanie n’hésita pas à répudier les plans aventureux du dernier règne. Non seulement il résista aux sollicitations des princes émigrés et des anciens familiers du feu roi, mais encore, lorsque l'impératrice de Russie lui adressa l'invitation de joindre 8,000 Suédois aux 15,000 Russes qu'elle se proposait d'envoyer sur le Rhin, pour marcher contre la France, il la déclina. Sans vouloir se brouiller avec la Russie... il tenait à ménager la République française. Cétait là pour lui une question d'intérêt.

« À ce point de vue, le baron de Slaël, que le duc régent avait accueilli, dés son arrivée à Stockholm, avec une extrême faveur, lui parut digne de confiance. Il lui donna ordre de se rendre à Paris. C'était vers la fin de 1792.

« M. de Staël avait pour instruction d'obtenir de la République française les subsides nécessaires à la Suède pour braver les attaques de la Russie et maintenir sa neutralité dans la grande guerre continentale fomentée contre la France. Sa mission était rigoureusement secrète...

« De Copenhague, M. de Staël gagna Bruxelles et y resta près d'un mois, retenu par les nouvelles de Paris (21 janvier 1793)...

« Emporté par ses sympathies révolutionnaires, M. de Staël se résolut néanmoins à passer outre. A la fin de février 1793 il partit pour Paris...

« Vers la fin de mars 1793 s’ouvrirent les négociations. Au nom du gouvernement français, Lebrun, ministre des Affaires étrangères, fit à l'envoyé de Suède les propositions les plus avanta‘geuses; mais, au moment où l’on commençait à les discuter, survinrent presque coup sur coup, la nouvelle du soulèvement de la Vendée (11 mars) et celie de la défaite de Dumouriez à Nerwinden (18 mars). Ce double événement interrompit les négociations. «.….Le baron de Staël reçut de son gouvernement l'ordre plusieurs fois réitéré de s'abstenir. Toutefois la Suède résista à Ja pression de la Russie et de l'Angleterre; elle arbora le drapeau de la neutralité et le maintint haut et ferme...

« Il est vrai que, concurremment, on enjoignait à M. de Slaël de quitter Paris et de se transporter en Suisse pour y attendre un moment plus favorable.

« M. de Staël se croyant en état de mieux apprécier, sur place, les hommes et les choses, netint aucun compte de ces ordres, et renoua les négociations. Bientôt (16 mars 4793) il conclut avec le ministre Lebrun un traité d'alliance entre la Suède et la France, qu'il s’empressa d’expédier par un courrier extraordinaire à Stockholm. Ce traité était tout à l'avantage de la Suède, Entre