Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 121

autres dispositions, il lui assurait un subside immédiat de 40 millions, sous la condition qu'elle reconnaîtrait la République et reprendrait avec elle ses rapports politiques dans les deux mois qui suivraient le payement de la somme. De plus, si, par suite de ce traité, la guerre était déclarée à la Suède, la France s'engageait à Jui verser annuellement une somme de 18 millions, somme six fois plus forte que celle que le duc régent espérait. De son côté, pour faire face à la guerre, la Suède fournirait une armée d'au moins 60,000 hommes, 15 vaisseaux de ligne et 12 frégates. « Un traité de commerce entre les deux pays était réservé, et, par une dernière clause, chaque partie se ménageait le droit de tenir l'alliance ouverte en faveur des aulres puissances qui seraient disposées à y entrer. Getle clause visait particulièrement le Danemark et la Turquie.

« Le traité dont il s'agit était l'œuvre du parti de Danton.

« Malgré les grands avantages qu'il lui offrait, le due régent n'osa le ratifier; il craignait de provoquer une prise d'armes de toute l'Europe contre la Suède. Cependant il lui en coûtait de le repousser formellement; on délibéra, on se consulta. Finalement, on crut avoir trouvé un moyen de rendre le traité conclu avec une République aussi violente, aussi sanguinaire que l'était à cette époque la République française, moins odieux aux puissances. « M. de Staël reçut une note dans laquelle il était demandé de la part du duc régent, que Marie-Antoinette et sa famille, incarcérées au Temple, fussent mises en liberté. Celte note n'eût aucun succés (1).

« Dès lors, le due régent n'hésila plus : il ordonna à M. de Staël d'ajourner les négociations jusqu'à ce que la République fût plus solidement constiluée, et, en attendant, de se rapprocher du Danemark.

« M. de Staël quitta la France avec sa femme à la fin de 1793, et se rendit d’abord à Coppet, ne laissant à Paris que son secrétaire, M. Signeul. Celui-ci, agent subalterne et non reconnu officiellement par le gouvernement suédois, est représenté comme un farouche Jacobin, ce qui explique ses relations avec Robespierre au plus fort de la Terreur. Robespierre, en effet, ne perdait pas de vue la Suède; il lui offrit des sommes considérables, si elle

(1) Cette déclaration est de la plus haute importance : elle réduit à néant tous les bruits qui furent mis en circulation à ce sujet des deux côtés du Rhin, ainsi que les accusations des Robespierristes et des Hébertistes. — R,