Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

126 DANTON ÉMIGRÉ,

« Dès son arrivée, dit la note que nous empruntons à la Correspondance, M. de Staël engagea des pourparlers avec Cambacérès, Tallien et les autres membres du comité de Salut public, qui l'accucillirent avec empressement. Mais les vues du comité et celles de l'ambassadeur suédois étaient fort divergentes. En effet, outre le traité d'alliance défensive el de subsides qu’il s'agissait de conclure, M. de Staël avait charge d'obtenir de la France le remboursement des frais occasionnés à la Suède par ses armements maritimes (la coopération navale n'était donc point une farce?). Le comité, réservant tout l'argent disponible pour des projets plus grands, éluda ce dernier point, qui, du reste, dans les négociations antérieures, avait loujours été une pierre d’achoppement. «Il voulait, d’une part, que la Suède entrât dans le système de défense qu'il se préparait à organiser contre l’Angleterre menaçante, et, de l’autre, qu'elle contribuât au relèvement de la Pologne (encore la politique de Danton). :

« M. de Staël ne se crut pas autorisé à accepter ces conditions et demanda de nouvelles instructions à son gouvernement. Ainsi les négociations furent suspendues.

« Ce temps d'arrêt menaça de tout compromettre.

« De savantes intrigues s'ourdissaient au sein du comité, intrigues d'autant plus dangereuses que l’habile Sieyès en était à la fois le promoteur etl’agent. Sieyës, en effet, appartenait à un parti russe formé clandestinement à Paris dans le but de soutenir les intérêts de l'impératrice. Contrecarrer l'ambassadeur de Suède était, par conséquent, un des points principaux de son programme, car Sieyès ne visait à rien moins que de brouiller la Suède avec la France, de la courber sous la domination de la Russie et d'amener la France à s’allier avec cette puissance. « M. de Staël, tenu au courant de ces intrigues, était on ne peut plus perplexe; ses nouvelles instructions n'arrivaient pas; il se résolut alors à frapper un grand coup, c’est-à-dire, puisqu'il y était autorisé, à reconnaitre officiellement la République française au nom de son gouvernement.

« La reconnaissance, en 1795, de la République française, par une des plus vieilles et des plus glorieuses monarchies de l'Europe, était un événement considérable. Elle eût lieu en pleine Convention nationale, le 4 floréal (23 avril), au milieu d'un imposant appareil, »

L'événement occupa deux séances, dont la Gazette