Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. : 127

nationale ou le Honileur universel a rendu compte dans ses n°215 et 217, an III (1). -

Barère pouvait-il ignorer de pareils faits lorsqu'il eut l'audace d'écrire dans ses mémoires : plus jamais .on n'entendit parler de la négociation de cette prétendue coopération navale de la Suède; et étions-nous fondé à le traiter d’imposteur ?

En effet, « par ce coup d'éclat de l'ambassadeur de Suède, les intrigues du parti russe furent mises à néant; la Suède reprit auprès de la Convention une faveur marquée; en sorte que le baron de Staël put rapidement mener à fin ses laborieuses négociations. Z/ conclut un traité à peu près sur les mêmes bases que celui de 1793. Quarante tonnes d'or devaient être versées immédiatement à la Suède avec promesse d'une somme égale un mois après la ratification du duc régent. En outre, par des articles secrets, la Suède s'engageait à armer dix vaisseaux de ligne avec frégates et à déclarer à l'Angleterre qu’elle entendait faire respecter sa neutralité. En même temps elle signifiait à l'Angleterre d'avoir à lui restituer les navires suédois retenus dans ses ports, sinon elle mettrait l'embargo sur les navires anglais mouillés dans le Sund, et ne les rendrait que lorsque l'Angleterre lui aurait donné satisfaction (2). »

Voilà comment George-Jacques Danton et Eric-Magnus de Staël-Holstein, en 1793, avaient joué la République au moyen d’une prétendue entente diplomatique . qui n'était qu'une « opération fiscale » à leur profit, c'est-à-dire pour voler six cent mille livres à la trésorerie nationale.

Il n’a pas fallu, on en conviendra, un aplomb ordinaire au pitre décemviral pour hasarder une pareille bourde, une fable aussi grossière et aussi niaise, et pour supprimer, afin d’assurer son dire, des négociations ap-

(1) Dans le même temps la République traitait à Bâle avec la Prusse (5 avril 4793), avec la Hollande (8 prairial), avec l'Espagne (22 juillet), avec le landgrave de Hesse (28 août), etc.

(2) Correspondance diplomatique du baron de Staël-Holstein, p. 260 à 269. — V. également le Manuscrit de l'an III (1194-1795), par le baron Fain, Paris, 1828, dont Barère ne pouvait non plus ignorer la publication,