Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 135

et d’autres encore, venus chez nous à la suite de leurs déchirements intérieurs, qui, à Paris, et fort avant qu'on eût songé à y porter le théâtre de la guerre, appelèrent de tous leurs vœux et attirèrent de toute leur force, chez eux, les armes de la France (1).

Ce sentiment si élevé, qui entraina nos pères à se faire partout les champions du droit, aussi bien que leur admirable dévouement à la patrie et à la République, trouvèrent ainsi leur plus complet, leur plus éclatant et leur plus pur épanouissement dans le mouvement militaire dont l'éclat irrésistible assura en même temps l'intégrité du sol francais, le maintien du nouvel ordre de choses et l’expansion de la sympathie internationale.

Des efforts héroïques, des triomphes sans précédent, mirent la Révolution hors de page, firent reconnaître la République par la coalition, et, par des annexions demandées par les peuples affranchis eux-mêmes, reculèrent nos frontières bien au delà de ce qui avait jamais été rêvé par l’ambition de nos rois.

Ce sont aussi ces succès « inouïs », dont la cause profonde résidait dans le saint enthousiasme de 1792 et dans le culte des droits de l'Homme, dont l'influence n’a pu échapper même à un esprit aussi calculateur et aussi froid que celui de Jomini, qui ont laissé de si cuisants regrets à tous nos réactionnaires, aristocrates ou ploutocrates, lesquels, aujourd’hui encore, n’ont pu prendre leur parti des victoires de lan II, et de celles qui suivirent, jusqu'à la fin du Directoire.

Incapables de comprendre cet élan sublime, ils le tiennent pour sacrilège et, en quelque sorte, entaché de dé-

(1) Ce qui le prouve, c'est la création, chez nous, de 1792 à 1193, de corps composés d'étrangers : légion des Allobroges, légion batave ou hollandaise, légion des Belges et Liégeoïis, légion prussienne, légion germanique, légion franche étraugère, légion des Américains, régiment des Patriotes gênois, ete.; les légions ilalique et polonaise ne furent créées qu'en l'an VIH.

Ce qui le montre bien mieux encore, ce sont les adresses et les députations envoyées à la Convention par tous les peuples voisins de la France (V. à la fin de ce volume les pièces 2 à 16 et 24). L