Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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monialité, ou le considèrent avec amertume, comme une incompréhensible fantaisie de leur Dieu (1).

Ouvrons done les journaux du temps, consultons les écrits de l’époque, étudions, dans nos archives, les papiers d'Etat, reportons notre attention sur les circonstances et les termes dans lesquels fut élaboré et rendu par la Convention, sous la présidence de l’abbé Grégoire (un des partisans les plus chauds et les plus candides de la guerre de propagande), le décret décisif du 19 novembre 4792; tous, ou presque tous en France, et Brissot et Legendre, et Ruhl et Lasource, et Sergent et Carra, et Cloots et Lebrun, et Collot d'Herbois et Dumouriez, la Convention et la Commune, les Cordeliers et les Jacobins, veulent faire déborder sur le monde la Révolution armée.

« Ruhl : Je vais vous dénoncer un fait qui prouve que, tandis que vous travaillez avec tant de zèle à la propagation de la liberté et de l'égalité chez tous les peuples qui nous environnent, les ministres de France auprès des cours étrangères travaillent avec un zèle égal à étrangler celte même liberté. Le baillage de Darmstadt, qui devait vous appartenir d'après le traité de Ryswick, a arboré la cocarde nationale et demandait à être français. Le duc des Deux-Ponts, pour arrêter ce mouvement, s'est hâté d'envoyer des troupes dans ce baillage, pour saisir les magistrats et les amener dans les cachots de DeuxPonts. À ja tète de ces troupes on a remarqué le sieur Delporte (sic), ministre de France à la cour de Deux-Ponts. Les citoyens du duché de Limbourg et du baillage de Darmsladt demandent done notre protection contre l'invasion des despotes. D'un autre côté, le club des Amis de la Liberté et de l’Égalité, établi à Mayence, m'a écrit pour m'engager à vous demander si vous voulez accorder votre protection aux Mayençais, ou les abandonner à la merci des despotes qui les menacent; je demande, moi, que vous déclariez que les peuples qui voudront fraterniser avec nous seront protégés par la nation française.

« Fermont. Dans le moment où les armées de la République marchent pour assurer la liberté des peuples voisins, je ne vois pas comment on peut douter des intentions de la France. Je

(1) V. les divagations de Joseph de Maistre sur ce sujet, dans ses Considérations sur la France. Paris, 1796.