Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

4138 DANTON ÉMIGRÉ.

« Lépaux propose, ef la Convention adopte la rédaction suivante: « La Convention nationale déclare, au nom de la Nation française, qu'elle accordera fraternité et secours à tous les peuples qui voudront recouvrer leur liberté, et charge le pouvoir Exécutif de donner aux généraux les ordres nécessaires pour porter secours à ces peuples ET DÉFENDRE LES CITOYENS QUI AURAIENT ÉTÉ VEXÉS OU QUI POURRAIENT L'ÊTRE POUR LA CAUSE DE LA LIBERTÉ.

« Sergent. Je demande que ce décret soit raduit et imprimé dans toutes les langues.

« Cette proposition est décrétée (1). »

Etait-il possible de convertir en une expression légale plus complète et plus énergique, avec une unanimité. plus enthousiaste, la théorie révolutionnaire des relations internationales ?

Nous ne le croyons pas.

Aucune protestation ce jour-là dans la Convention, aucune dissidence sensible entre les Girondins et les Montagnards : l'accord put sembler complet.

Cependant il faut reconnaitre que la fraction intransigeante de la Montagne, sous la conduite de Robespierre, avait, antérieurement, résisté avec vigueur. Le député d'Arras, Camille Desmoulins, Marchenaud, Billaud-Varenne, soutenus par Danton, avaient formé, au commencement de 1792, lors des premières discussions sur la guerre, une coalition qui eut pour conduite de tenir tête à Brissot et à ses collègues, à l’Assemblée législative et aux Jacobins sur cette question (2).

Îl est vrai que plus tard Robespierre, lors des débats

(1) Moniteur, novembre 1192. — Un discours du député Guy de Kersaint, prononcé le 4er janvier 1793, et qui avait pour but de faire étendre par la Convention nationale, à toute la terre, en Asie, en Australie, en Afrique et dans les Amériques, la guerre de propagande ou de délivrance, par une conflagration maritime universelle, complète la séance du 19 novembre, au moins comme exposé de principes, et donne une idée de l'état d'esprit des Girondins quant à cette grave question.

Nous avons rapporté quelques extraits de ce morceau d'éloquence politique à nos pièces justificalives (a° 17).

Il nous paraît indispensable d'en prendre connaissance,

(2) V. plus loin, pour le détail de la discussion.