Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 139

relatifs à l'élaboration et au vote du projet de constitution de l'an Ie (1793), n'hésita pas à se contredire, par respect pour les principes ou pour s'attacher les Hébertistes par des témoignages de sa foi à la guerre de délivrance (1). Mais on ne peut, néanmoins, S'eMpêcher de remarquer ici, — et le fait est grave, — que ni Lui, ni Billaud, ni Danton, ni Camille, ne prirent la parole dans la séance décisive du 19 novembre 1792.

Ces réserves faites, il faut dire que toute la France nouvelle, à de très rares exceptions près, se montra disposée à porter aux quatre coins du monde, à la pointe de ses baïonnettes, la Constitution libératrice, à affranchir les peuples de l'Europe tout au moins, où l'on comptait provoquer un soulèvement général par les efforts tutélaires de la grande nation ; et que jamais entreprise aussi généreuse et aussi vaste ne fut commencée avec plus de cœur et d'union que la triple invasion des Pays-Bas, de l'Allemagne et de la Sardaigne, à la fin de 1792.

C’est cette tendance à la fraternité des peuples et à leur affranchissement, à la régénération universelle, alors si spontanée et si particulièrement propre à toutes les nations de l'Occident (elle résultait de l'immense et profonde évolution qui, depuis le xm° siècle, entrainait cette partie du monde à remplacer le régime du moyen âge), qui fut aussitôt érigée en système par un jacobin allemand appelé par le département de l'Oise à siéger sur les banes de la Convention nationale, le baron de Cloots; et c'est ce système qui fut agréé, en France et à l’étranger, comme article de foi républicaine, par la partie la plus considérable et la plus avancée du parti de la Révolution. Dans toules ses manifestations, depuis le jour où il prit le titre d'orateur du genre humain, 14 juillet 1790, lors de la première fête de la fédération; dans ses écrits et dans ses discours: dans son adresse aux Français et dans celle aux Savoisiens; dans sa République universelle, 1792: dans son Appel au genre humain (par A. C.,

(1) V. page 172.