Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 141

magnanime, dont nous avons dû préciser les impossi- . bilités et le péril.

Du reste, à la fin du xvine siècle, la France n’était pas seule, avons-nous dit, à éprouver de tels élans; et partout où il y avait, dans le monde, mais surtout en Occident, des natures élevées, instruites et dégagées des chaînes de l’égoïsme et de l'ignorance, cette élite était de cœur et d'âme avec nos pères de 1789 et de 1792.

Nous rappellerons encore ici les noms de Fichte, Hégel, Schelling, Schiller, Klopstock, Adam Lux, Sæmmering, Arndt, Forster, Kœrner, H. Campe, J. Wedekind et Cloots surtout, en Allemagne; Gusman, Olavidès, Marchena, Pio, Pestalozzi, Joseph Gorani, Céracchi, en Espagne et en Italie; Jérémie Bentham, Price, Clarkson, de Paw, D. Williams, Paine, Fox, Stanhope, Sheridan, ete., parmi les Anglais, et Priestley, dont la lettre suivante précise bien nettement ce genre d'adhésion.

«Je viens de recevoir de Français de Nantes la nouvelle que l'Assemblée nationale m'a conféré le titre de citoyen français, et que le département de l'Orne m'a élu à la Convention nationale. Je considère ces marques de confiance comme les deux plus grands honneurs que la France puisse accorder à un étranger.

« J'adopte avec reconnaissance celui de léligibilité; j'en concilierai les devoirs avec ceux de citoyen d’Angleterre, car j'espère que ces deux pays seront à jamais unis par les liens de lu fraternité. Mais je dois refuser la place de député à votre Convention nationale, par la conviction de ma pleine incapacité; ÏY suis déterminé parce que je n’ai qu'une connaissance imparfaite de votre langage, et par l'ignorance où je suis des circonstances locales de votre pays, et enfin par cette considération qu'en: acceptant cette place j'en priverais un autre citoyen qui peut y être plus utile que moi. :

« Mais je demanderai la permission de vous faire part de mes vues sur les matières qui vous occuperont. Comme citoyen du monde, j'en ai le droit, et, comme citoyen français, j'en ai le devoir.

«Je ne puis désormais rester spectateur indifférent des efforts que vous ferez pour la liberté. Je considère votre dernière révolution (celle du 40 août, sans doute; Priestley écrivait à la date