Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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du 21 septembre) comme l'ère le plus important (sic) de l'histoire du genre humain; son bonheur dépend de vous.

« Que les conspirateurs barbares, les brigands couronnés, ne vous effrayent pas. La liberté est impérissable tant que vous saurez réprimer les violences illégales qui la déshonoreraient et toutes les dissensions intestines, etc.

« PRIESTLEY. »

Ces bonnes dispositions n'étaient pas seulement platoniques, elles allaient jusqu'aux actes, s’il faut en croire une lettre de Noël, attaché à la légation de France à Londres après le 10 août, au ministre Lebrun :

« On m'a dit ce matin qu'il devait être arrivé en France de quoi armer 45,000 hommes, et que c'était une offrande des amis de la liberté, Ce qu'il y a de sûr, c’est qu'on ouvre une souscription à ce sujet et qu'un Anglais, qui est entré avec moi dans ces détails, a été, en me quittant, porter sa contribution. Cet anglais est un ami de M. Danton. C'est M. Hornetoke (sic), qui se mettra à la tête de cette souscription (1). »

Et cependant le succès de la guerre de propagande étaitimpossible, pour deux raisons fondamentales : la première, d'ordre économique, la seconde, d'ordre politique.

D'une part, il était hors de toute réalisation que la France, — limitât-elle son action à l'occident de l'Europe, — pût payer elle-même les frais de la délivrance ; car, pour faire la guerre, et surtout une pareille guerre, il fallait de l’argent, encore de l'argent et toujours de l'argent! de plus, il devait en coûter beaucoup de sang, bien des milliers d'hommes, toute une génération.

D'autre part, c’est-à-dire au point de vue politique, les nations européennes, voire celles qui nous avoisinaient, nous appelaient-elles réellement à leur secours ? désiraient-elles effectivement se mettre à notre unisson ? étaient-elles, irrévocablement et dans leur entier, — comme nous le croyions alors, — résolues à se lever, à notre approche, contre leurs tyrans ? surtout, voulaientelles sérieusement s’incorporer à notre République ?

(1) Archives du ministère des Affaires étrangères : Correspondance avec l'Angleterre, T. 582, pièce 85.