Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 157

mirage décevant que le premier contact des réalités devait dissiper sans retour.

L’Angleterre étant, avant tout, un pays marchand, sa politique se trouvait étroitement subordonnée à cette situation. La nation et le gouvernement n’y admettaient pas qu'aucun peuple, et la France moins que tout autre, püût lui disputer la domination des mers, l'exploitation privilégiée des colonies, le commerce du monde. L'ile riche entendait bien aussi se réserver toujours l'approvisionnement de l'Allemagne, et il ne pouvait lui venir à l'idée que les Français s’établissent sur l'Escaut ou sur le Rhin, à Anvers et à Mayence.

Done, la résolution de ne jamais tolérer que la République s'annexât la Belgique et la rive droite du Rhin, était systématiquement arrêtée chez elle bien avant l'exécution de Louis XVI.

Pas plus que l'Angleterre, la Hollande ne voulait que l’'Escaut, qu'elle détenait par ses embouchures, et dont la navigation lui appartenait par une vente authentique (traité conclu avec Joseph IT), devint un fleuve français, ni une voie ouverte à tous les peuples.

Rivales par leurs marines, ayant des intérêts opposés sur les mers, ces deux nations s’accordaient parfaitement en Europe sur ce point important, et se coalisèrent pour le soutenir.

C'est ainsi que l'Angleterre avait doublement pied sur le continent et qu'elle faisait si activement partie du concert européen à cette époque : elle y possédait le Hanovre, patrimoine de sa nouvelle dynastie; elle y protégeait la Hollande, avec laquelle elle avait noué une alliance aussi étroite qu’égoiïste des deux parts.

Du reste, faisant surtout la guerre pour l'intérêt de son commerce, l'ile riche ne prit l’épée que quand cet intérêt lui sembla menacé; et il l'était certainement par l'invasion des Francais en Allemagne et dans les PaysBas à la fin de 1792 (V. la pièce n° 23).

Cependant, il faut reconnaître que bien avant cette époque, — dès l'ouverture des états généraux (mai 1789), — le mauvais vouloir de la cour d'Angleterre