Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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s'était manifesté à l'égard de la France et n'avait fait qu'augmenter de jour en jour. Le roi témoignait par tous les moyens et dans toutes les occasions de son animosité pour la Révolution et de ses sympathies pour les coalisés. Il n'était empêché de se joindre à eux que par l'opposition du Parlement, et il était évident que le jour viendrait bientôt pour lui de se déclarer contre nous.

Cela ressort nettement des avertissements réitérés de notre ambassadeur, F. de Chauvelin, et de notre consul à Londres, Restif, qui ne laissent aucun doute sur la part opiniâtre, on pourrait dire acharnée, que prit l'Allemand George III à la déclaration de guerre entre les deux pays. En présence de pareils documents, on ne doit pas craindre d’affirmer qu’elle fut son œuvre personnelle (1).

En outre, la France venait, avec l'Espagne, comme principale puissance maritime après le Royaume-Uni ; c'était bien là l’obstacle essentiel au succès de la propagande armée en Hollande et dans la Grande-Bretagne, et à l'acceptation du système dans les deux pays, par la démocratie elle-même, qui aurait, certainement, regardé à deux fois avant de nous admettre, en compensation de nos efforts et de nos sacrifices libérateurs, au partage des mers, du Rhin et de l’Escaut (V. la pièce n° 93).

Les Cosmopolites parisiens s'étaient donc surtout mépris en croyant possible au temporel, comme le voulait Anacharsis, une union qui ne pouvait et ne pourra jamais exister qu'au spiriluel, c'est-à-dire par des idées, des affections et des mœurs communes à tous les peuples.

Chaque patrie doit conserver son indépendance politique, son autonomie nationale, et toutes peuvent, au contraire, et devront un jour se confondre par la foi, par l'adhésion volontaire et raisonnée au système universel et coordonné des sciences, remplaçant la théologie, et faisant surgir, en fin de compte, le ralliement in-

(1) Archives du Département des Affaires étrangères, Correspondance consulaire et politique avec l'Angleterre, T, 581-586.