Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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Mais ce qui est encore mieux, et bien au-dessus d’une telle conduite, c’est d’avoir aussitôt compris, sous le feu même de l’ennemi, que ces représailles de la France contre l'Europe et la coalition, si irréprochables qu’elles fussent, étaient cependant la guerre éternelle avec le reste de l'Occident, et que le salut de la patrie, l’affermissement de la République, le repos de l’Europe, les intérêts de la civilisation et le bonheur du monde imposaient finalement le renoncement aux conquêtes et le respect de l’autonomie des Etats.

Une autre solution, qui nous paraitrait aujourd'hui normale, — l'institution de républiques indépendantes, quoique placées sous le protectorat de la France et subordonnées à elle seulement pour la contribution de guerre (contingent et subsides) et les opérations militaires et diplomatiques, mais absolument maitresses de leur vie intérieure, — était-elle davantage possible à ce moment? (V. Talleyrand, p. 246, 247).

Cela nous parait fort douteux.

La plupart des peuples affranchis voulaient, nous le répétons, leur incorporation à la République : aucun n’était ni disposé ni prét à l'autonomie.

Mais nous devons insister sur les considérations qui avaient décidé à prendre de telles déterminations un politique qui, assurément, ne se battait pas pour les principes, pour la gloriole de promener la table des droits de l'Homme de par lemonde, avec des tambours et descänons.

La coalition existait toujours, après Valmy; ni la Prusse ni l'Autriche n’avait désarmé. Au contraire, elles refaisaient leurs forces et cherchaient des alliés. N'était-il pas prudent, indispensable, de les poursuivre sur leurs possessions d'au delà ou d'en decà du Rhin, et de profiter du magnanime élan de 92 pour les mettre hors d'état de renouveler leur attaque? Car, ainsi que le fait justement observer M. Marc Dufraisse, tout en blâmant les annexions faites par la Convention :

« L'Europe ayant repoussé le droit des gens que la Constituante avait voulu inaugurer : respect de l'indépendance des peuples ef