Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. . 167

renoncement à la conquête, la République française était autorisée, d'après les anciennes règles du droit international, à réclamer un agrandissement territorial comme compensation de l'argent qu'elle avait dépensé et du sang qu’elle avait perdu. C'eût été la rançon modérée et légitime des rois conjurés et vaincus, la correction méritée de leurs insultes à la Révolution et de leurs complots contre la France.

« Et, de plus, l'indépendance du peuple français ayant été menacée par un odieux abus de la force et compromise par la faiblesse de ses frontières, son besoin de sûreté extérieure l'autorisait à les renforcer par la conquête. La loi de conservation exigeait que la France s'agrandit des territoires dont la possession lui semblait nécessaire pour repousser de nouvelles agressions. Le danger qu'elle avait couru ouvrait à la République victorieuse le droit de les prendre, non comme un vain trophée de la fortune de ses armes, mais comme une garantie de sa sécurité, de son intégrité, du respect de sa Constitution et de ses lois.

« Puisque l'Autriche avait violé notre frontière pour conquérir Alsace et la Lorraine, la République pouvait s'emparer justement des terres d'Autriche aux Pays-Bas. Puisque le roi de Sardaigne nous avait atlaqués sans cause, sans motifs, afin de réunir la Bresse et le Bugey à son domaine de Savoie, la République française était autorisée, par cela même, à réunir le duché de Savoie et le comté de Nice à nos terres françaises convoitées de son voisin, et à reculer notre limite jusqu'aux Alpes. Ces réunions de territoires n’eussent été que les représailles légitimes de notre guerre sacrée contre une guerre impie (1). »

Nul doute que ces fortes considérations ne déterminèrent momentanément Danton, sans aucun souci de la propagande armée, dont il ne confessa jamais les principes, à demander à la Convention d’annexer la Belgique à la France.

D'ailleurs, nous le redirons sans cesse, cette réunion, comme celle de la Savoie et d’autres pays moins importants, fut demandée à cor et à cris par les patriotes brabançons, allobroges et autres (2); l'annexion fut ensuite

(1) Histoire du droit de guerre et de pair, p. 334-335.

Tout serait à citer de ce chapitre admirable sur la guerre de propagande.

(2) Voir les pièces n°8 2 à 16,