Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

168 DANTON ÉMIGRÉ.

soumise aux délibérations d’assemblées primaires belges et savoisiennes; et enfin, elle fut votée d’après cette expression de la volonté populaire.

Si, comme on l’a dit, l'intrigue politique et la pression militaire (nous occupions la Belgique et la Savoie au moment du de furent pour quelque chose dans la détermination finale, il faut convenir néanmoins qu'il y avait dans cette consultation politique un fait nouveau assez considérable : la consécration de la volonté nationale, chez les peuples annexés, ou la reconnaissance de leur autonomie.

Ce n'était plus la conquête antique, où le vaincu passait au vainqueur corps et biens. Ce n’était pas non plus la conquête féodale, qui faisait varier les maitres seulement, les serfs restant attachés à la même glèbe. Il y avait ici une modification essentielle et inconnue jusqu'alors : l’acquiescement volontaire, délibéré, — parfois enthousiaste, — de la partie active du peuple conquis, qui changeait de groupement et d’état politique en vue d'améliorer sa situation.

En principe, la différence était considérable.

Mais ce qui était juste, légitime au point de vue de l’ancien droit international, l’était-il encore au point de vue du nouveau code rédigé par la Constituante et bientôt par la Convention elle-même ? Et, en admettant l’affirmative, — qui n’est pas soutenable en l'espèce, était-il prudent, politique, d’user d’un pareïl droit?

M. Mare Dufraisse dit non; nous sommes de son avis.

Danton le comprit ainsi.

Dès le mois de mars 1793 il était devenu l'adversaire des-annexions autant que de la guerre de propagande. En face du péril qu'attirait sur nous le double système de la conquête et des délivrances à main armée, il lui vint une réaction de bon sens, une inspiration de génie analogue à celle qui lui fournit, au milieu de l'anarchie menaçante de l’été 1793, la conception du gouvernement révolutionnaire, la dictature du comité de Salut public. Car ce revirement défi-