Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 169

nitif de notre politique extérieure, qu'il sut faire accepter

arla Convention, ne tendait à rien moins qu’à faire lever le blocus de la France par les puissances coalisées, à empêcher qu’elle fût indéfiniment tenue en quarantaine et présentée comme une proie à toutes les colères, à toutes les convoitises d'outre-monts, d'outre-Rhin ét d'outremer, enfin à permettre la rentrée prochaine de la République, officiellement reconnue et acceptée, dans le concert européen.

Dès la fin de mars 1793, l'expérience tentée en Belgique touchait à sa fin : l'attitude de ce pays, reniant la Révolution et marchant au-devant de l’ancienne tyrannie dès nos premiers revers, avait édifié l'homme d'Etat francais sur les fondements et la portée de la guerre de propagande (1); il la répudia donc solonnellement, pour toujours, et s’éleva aussitôt à la conception normale de la politique moderne, aux données pacifiques, aux principes de justice et de suhordination morale dont la proclamation honorera à jamais l’Assemblée constituante et la Convention : condamnation absolue de la guerre offensive, renoncement aux conquêtes et annexions, à toute intervention extérieure, à toute immixtion dans les affaires intérieures des autres peuples, respect des nationalités quelles qu’elles soient, l'occupation d’un territoire étranger ne devant jamais être qu'un fait provisoire, une manière de séquestre, une prise de gage momentanée pour assurer les frais d'une guerre injustement provoquée.

Telle fut la troisième phase de son évolution.

C'était le 13 avril, à la Convention, séance du matin; Robespierre avait fait une motion contre les transactions des généraux avec l'ennemi, Danton se leva et dit:

« I1 faut bien saisir le véritable objet de la motion qui vient d'être faite, et ne pas lui donner une étendue que n'a pas voulu lui

(1) H faut lire ce lamentable revirement dans le livre de M. Marc Dufraisse, et surtout dans l'Histoire des Belges à la fin du xvmi° siècle, par M. Borgnet, professeur à l'Université de Liège, un ennemi décidé de la France et de la Révolution (2 vol. in-8). Bruxelles et Paris, 4862. (V. aussi la pièce n° 24.)

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